jeudi 19 janvier 2012

Penseurs Anonymes ou S'éveiller au rêve (souvent cauchemardesque) de la pensée





Tu l'as probablement remarqué de nombreuses fois :
les mots - la parole, la pensée, les concepts - divisent, isolent, séparent. Ce peut être leur force et utilité ET leur faiblesse et cause de souffrance.
Les mots contribuent à créer un pseudo-problème lorsqu'ils divisent, isolent et séparent ce qui par nature est vivant, un et indivisible. Par exemple, en divisant la polarité "gauche droite" et en en faisant deux opposés antagonistes - dont l'un serait meilleur, ou plus utile, ou moins quoi que ce soit que l'autre - on oublie qu'aucun opposé ne peut exister par lui-même. "Dessus" ne peut pas exister sans "dessous", le bien ne peut pas exister sans le mal, le chaud sans le froid, etc..

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"Un Cours en miracles" - pavé contemporain de plus de 1000 pages au vocabulaire judéo-chrétien délibérément revisité (ouf !!!) - signale que
  • "je ne suis affecté que par mes pensées"
  • "je ne peux être blessé que par mes pensées"
et dans mon expérience, c'est bien ce que je remarque :
mon état émotionnel est tributaire de ce que je pense - et crois - plus ou moins consciemment.

Epictète il y a près de 2000 ans, Montaigne et Shakespeare entre autres dans un passé plus récent, prétendaient aussi que
ce ne sont pas les choses, événements et faits en soi qui nous dérangent ou nous font mal mais
ce qu'on en pense,
les opinions que l'on s'en fait, les histoires que l'on (se) raconte à leur propos.

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L'histoire la plus insensée - et la plus répandue aussi, au point qu'elle est rarement remise en question - est la croyance en l'existence d'un soi autonome, séparé, et ... déficient.

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"Penseur compulsif moi-même" (oh le beau label, produit précisément par la pensée !)
- ça pense tout seul et presque tout le temps dans ma tête ET ça se soigne -
sur le modèle des "Alcooliques Anonymes" j'imagine d'autres penseurs compulsifs (ce pourrait être l'immense immense majorité des humains !) prenant conscience de leur manie mentale et se resituant en "Penseurs Anonymes" :

Un jour à la fois,
voire plus précisément un instant à la fois,
l'intéressé serait conscient de sa tendance habituelle (programmée depuis la petite enfance) à fuir dans le passé, ou à partir dans le futur, ou encore à se perdre dans la résistance à ce qui est le moment-même, le présent, ici maintenant.



Un jour à la fois,
un moment à la fois,
il renouvellerait son intention de ne pas sombrer corps et biens dans cette folle compulsion, mais plutôt - et avec douceur - à la remarquer, en prendre conscience, la voir à l'oeuvre.

Et, joueusement, se verrait déterminé à ne plus prendre si au sérieux lesdites pensées ...